Comme nous l’avons déjà souligné dans des articles précédents, la possibilité qu’Andorre fasse un jour partie du Marché Unique Européen nous ouvre un éventail de possibilités, pensant à nos jeunes, étudiants et entrepreneurs, extrêmement avantageuses pour ceux qui sauront les identifier et en profiter. Nous avons parlé de programmes européens et nous avons vu le budget que des pays similaires au nôtre, comme le Liechtenstein, y consacrent, notamment dans ces programmes dédiés aux étudiants et à leurs études au-delà de leur pays d’origine. Nous avons également vu des programmes européens spécifiques dédiés à promouvoir les nouvelles technologies à tous les niveaux, comme dans le cas de la Blockchain, des programmes avec des budgets impressionnants par leur ampleur et dont des entreprises andorranes qui travaillent déjà dans ce domaine et d’autres domaines technologiques pourront bénéficier un jour, si nous le décidons.
Nous parlons depuis longtemps de la « formation » en Andorre et de l’opportunité que peut représenter le développement de formations professionnelles et universitaires offline ou en présentiel et la future interaction et échange avec des étudiants, des professeurs et des chercheurs dans ce nouvel espace européen où Andorre a parié pour se faire une place, si finalement nous, les Andorrans, le décidons.
Toutes sont des opportunités qui sont à notre portée, mais qui doivent être travaillées et beaucoup pour obtenir des résultats pratiques et optimaux pour notre société et notre économie. Il faut fixer des objectifs, avec vision et beaucoup de conviction dans les objectifs que nous nous fixons et surtout, être ouverts à tout ce qui se passe dans le monde et qui nous affecte, autant en négatif mais aussi en positif et particulièrement dans le domaine de la formation et les circuits qu’elle génère.
Il est indubitable qu’en nous ouvrant au monde, en commençant par l’Europe, cela nous donnera cette visibilité qui nous manque encore et qui justifie que nous continuions à parler de la Marque Andorre et de sa projection, une visibilité qui doit être travaillée bien plus que ce qui a été fait jusqu’à maintenant, à condition que nous ayons d’abord défini le modèle de pays que nous voulons avoir et expliquer au monde. À cet égard, et en parlant de modèles, permettez-moi de penser à l’avenir de mon pays bien-aimé, j’imagine un Principauté d’Andorre dans 10 ou 20 ans comme un hub de formation professionnelle et universitaire, comme destination choisie par des milliers d’étudiants internationaux qui nous choisissent pour la qualité et la diversité des études offertes et pour la propreté, la durabilité et la sécurité de l’environnement dans lequel ils interagissent. Aujourd’hui, cependant, la réalité est ce qu’elle est et nous sommes très loin du modèle que je viens de décrire.
Mais et nos jeunes, ceux qui étudient maintenant et qui dans quelques années devront choisir un chemin pour continuer à se former, quel avenir les attend ? En fait, quels sont les facteurs externes qui peuvent déterminer leur choix ? Il est clair qu’ils doivent être encadrés et aidés à décider en fonction de leurs aptitudes, mais qu’en est-il de ces éléments incontrôlables qui peuvent finir par être déterminants ?
Il y a quelques jours, quelqu’un me racontait qu’un jeune étudiant de presque 15 ans, lorsqu’on lui a demandé ce qu’il voulait être plus grand, a répondu qu’il voulait être « youtuber », et ce n’est pas un cas isolé. En fait, c’est une tendance, parmi un groupe important de jeunes d’ailleurs mais aussi de notre pays. Aujourd’hui, nos jeunes sont clairement influencés par les nouveaux modèles que projettent les personnages à succès du monde numérique, dont la notoriété sur les réseaux leur procure prématurément un statut économique qui génère l’admiration parmi ces âmes tendres qui les idolâtrent.
Chez nous, ces derniers temps, nous avons attiré quelques-uns de ces streamers triomphants et même notre pays est devenu une référence comme « refuge » de cette nouvelle typologie de « professionnels » à succès, certains d’entre eux n’ayant aucun problème à se promener dans nos rues en exhibant tout ce que leurs importants gains leur ont permis d’acquérir, ni à parler à travers leurs médias habituels de combien ils économisent en impôts et combien il fait bon vivre chez nous.
En fait, le pays y a gagné du point de vue de ce qu’ils dépensent et consomment en Andorre et aussi des nombreux impôts qu’ils paient, bien que beaucoup moins que dans leur pays d’origine, mais permettez-moi une réflexion à cet égard. Tous ces streamers n’exhibent pas les meilleures vertus de l’être humain, loin de là. En fait, beaucoup d’entre eux n’ont même pas eu le temps matériel de mûrir en tant qu’adultes et il est difficile de leur demander plus que ce qu’ils montrent. Par conséquent, du point de vue d’être un exemple pour nos enfants, je dirais plutôt que non, au contraire, il est peut-être nécessaire de faire la pédagogie adéquate pour neutraliser cette tendance naturelle à l’admiration pour le modèle qu’ils projettent sans s’arrêter pour évaluer les conséquences négatives, qui existent aussi.
Pour ceux qui apprécient tout ce qu’ils ont apporté au pays, notamment les dépenses et le paiement des impôts, en plus de la publicité indirecte, je ne sais pas si elle est bonne ou mauvaise pour le pays, je voudrais dire qu’il y a un bien infiniment supérieur à protéger qui n’est autre que l’intégrité de nos citoyens, jeunes et moins jeunes, et qu’il faut éviter de faire des éloges excessifs de ces streamers au point de les mettre devant notre peuple, surtout si leur « influence » peut leur causer des dommages irréparables en pensant à leur formation ou simplement provoquer la violation des normes de cohabitation exigibles dans une société comme la nôtre. Tout n’est pas valable, peu importe l’argent qu’ils génèrent ! Et pourquoi pas, peut-être que ce qui vaudrait la peine serait qu’ils apprennent vraiment à être un exemple pour notre société, en contribuant avec nos autorités politiques et éducatives à faire la pédagogie adéquate pour guider convenablement notre jeunesse.
Évidemment, au-delà de l’influence du monde numérique et des streamers, il y a un univers de possibilités de formation pour nos jeunes, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. L’Europe nous présente de nouveaux horizons pour beaucoup d’entre eux, mais en même temps Andorre doit décider si elle parie définitivement pour se positionner comme un hub éducatif de projection internationale.
Sûrement, dans les prochains articles, nous aurons l’occasion de parler de l’Europe, de l’éducation et de la formation, des options d’avenir pour notre pays et de la nécessité de prendre des décisions clés qui marqueront notre avenir. En attendant, retenons l’idée que nos jeunes méritent tous nos efforts car ils sont les garants de l’avenir d’Andorre. Ni les oublier ni les négliger !