L’arbitrage: un mécanisme attractif de résolution des conflits

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L’arbitrage est un mécanisme juridique alternatif pour la résolution des conflits dans lequel les parties impliquées décident de soumettre leurs différends à un ou plusieurs arbitres, choisis par elles conformément aux exigences établies par la loi, au lieu de recourir aux tribunaux ordinaires. Ce mécanisme est de plus en plus attractif pour diverses raisons. Tout d’abord, l’arbitrage offre une plus grande flexibilité dans la procédure, car les parties peuvent convenir des règles qui régiront le processus et choisir les arbitres qu’elles jugent les plus appropriés. Cela permet une solution mieux adaptée aux besoins et aux matières spécifiques du conflit. De plus, l’arbitrage est généralement plus rapide que les procédures judiciaires traditionnelles, ce qui est avantageux pour les entreprises cherchant une résolution rapide et efficace. Il offre également un degré de confidentialité dont de nombreux conflits commerciaux ont besoin, évitant ainsi la publicité souvent associée aux procès. Enfin, les décisions arbitrales ou sentences sont contraignantes pour les parties, ce qui apporte une sécurité juridique et évite de multiples litiges sur la même question.

En résumé, l’arbitrage apparaît comme une option très attractive pour ceux qui recherchent une solution rapide, flexible et confidentielle à leurs conflits.

En fait, l’arbitrage n’est pas un secret pour la Principauté. Ce mécanisme a été une pratique bien ancrée en Principauté d’Andorre comme un mécanisme de résolution des différends, avec des racines historiques qui remontent à d’anciennes maximes telles que celles recueillies dans le *Manual Digest*. Ce texte reflétait déjà la volonté des Juges d’éviter les litiges et de promouvoir la résolution pacifique des conflits, favorisant ainsi le recours à l’arbitrage. Cela s’est manifesté par la fréquence des clauses d’arbitrage dans les documents matrimoniaux et les testaments, ainsi que dans les statuts des sociétés commerciales.

Malgré cet enracinement historique, l’absence de réglementation légale a rendu l’utilisation de l’arbitrage difficile dans la pratique, avec de nombreuses parties optant pour la voie judiciaire. Ce fait a suscité une demande croissante du secteur commercial pour l’établissement d’une législation régissant l’arbitrage comme un mécanisme efficace pour résoudre les conflits découlant des activités commerciales, qui ne s’adaptent souvent pas à la longue durée des litiges judiciaires.

Ce n’est qu’à partir de l’année 2015 qu’Andorre a promulgué une loi spécifique concernant l’arbitrage, à savoir la Loi 47/2014 du 18 décembre, relative à l’Arbitrage en Principauté d’Andorre. La promulgation de ce texte représentait une nécessité urgente pour répondre aux exigences du commerce national et international de la Principauté. Cette réglementation vise à faciliter et à promouvoir l’arbitrage comme une solution rapide et efficace pour la résolution des différends, tant au niveau national que dans les relations avec des entreprises d’autres pays, tels que l’Espagne, la France ou la Suisse, où l’arbitrage est déjà bien établi.

La Loi régit l’arbitrage formel et prévoit à la fois les cas internes et internationaux, reconnaissant l’importance de l’arbitrage international pour un pays ayant une grande projection commerciale comme Andorre. La Loi établit un système dual qui aborde, d’une part, les cas internes et, d’autre part, les cas internationaux.

Le texte précise que l’arbitrage est régi par des normes à plusieurs niveaux : la loi nationale, le règlement de l’institution arbitrale de la Principauté et les stipulations convenues par les parties. La plupart des dispositions sont de nature supplétive, laissant une marge d’accord entre les parties. En outre, les textes internationaux, certains ratifiés par la Principauté et d’autres non, constituent un corps normatif et un cadre pour les matières arbitrables, basé sur un modèle général qui inclut toutes les questions relatives aux éventuels différends. Par exemple, la Convention de New York du 10 juin 1958, promue par les Nations Unies et reconnue par plus de 170 États, représente un texte clé de grande importance, base de la reconnaissance et de l’exécution des sentences arbitrales prononcées dans l’un quelconque des États signataires mais aussi dans les États qui ne l’ont pas ratifiée (ainsi que ceux qui peuvent émettre des réserves de réciprocité, c’est-à-dire que l’État en question n’appliquera les obligations découlant du traité que si l’autre État avec lequel il traite applique les mêmes obligations de manière réciproque).

L’arbitrage est donc une méthode alternative de résolution des conflits qui constitue un véritable équivalent juridictionnel, dans le sens où il remplace le juge désigné par la loi par la volonté des parties de se soustraire au système public d’administration de la justice et de se soumettre à une administration privée, qui néanmoins produit les mêmes effets, et dont la plus haute expression est que les sentences ont un effet de chose jugée tout comme les jugements judiciaires. En Principauté, l’institution arbitrale est le Tribunal Arbitral de la Principauté d’Andorre (TAPA). Cette juridiction joue un rôle clé dans le système juridique andorran, notamment pour les entreprises et les individus qui recherchent et choisissent d’un commun accord une résolution rapide et efficace de leurs litiges.

Il existe donc une dimension purement conventionnelle, car le régime juridique de l’arbitrage ne s’applique que par accord des parties de soumettre le différend à cette méthode alternative. Les principes directeurs de cette méthode alternative de résolution des conflits sont, d’une part, l’autonomie de la volonté et donc la liberté, car les parties sont libres de soumettre le différend au Tribunal Arbitral et de choisir les arbitres, la manière de présenter leurs réclamations et défenses, etc. D’autre part, l’arbitrage est synonyme de confidentialité, car les preuves présentées et la sentence ne sont pas accessibles au public.

Cependant, tous les différends ne peuvent pas être traités par arbitrage. La loi sur l’arbitrage exclut les arbitrages spéciaux relatifs aux conflits du travail et de consommation développée dans d’autres normes, sans préjudice de ce que la loi sur l’arbitrage soit supplétive. Cette exclusion s’explique principalement par l’importance de protéger les droits des parties les plus vulnérables et de garantir un équilibre équitable dans la résolution des différends. Pour soumettre un différend à l’arbitrage, les parties doivent être en position d’égalité et avoir une sécurité juridique bien définie, ce qui explique pourquoi l’arbitrage est plus couramment utilisé dans certains secteurs que dans d’autres.

En conclusion, la Principauté d’Andorre est un État où une tradition en faveur de l’arbitrage s’est consolidée. En effet, c’est un pays avec une grande attractivité et une forte projection commerciale et entrepreneuriale, des secteurs qui impliquent un besoin de rapidité, d’efficacité, d’autonomie et de flexibilité. Les principaux différends soumis à l’arbitrage sont de nature commerciale, mercantile, entrepreneuriale, et, en général, relèvent du droit des sociétés et du droit commercial. Cependant, certains secteurs actuellement en croissance en Principauté, tels que l’arbitrage dans le domaine du sport, sont principalement gérés par l’intervention du TAS (Tribunal Arbitral du Sport) situé à Lausanne (Suisse). L’augmentation exponentielle des installations et des résidences de sportifs professionnels, ainsi que l’organisation d’événements sportifs de plus en plus internationaux et importants, suscite un certain intérêt pour le développement et la formation de spécialistes dans ce domaine.

En outre, les différends en matière de propriété intellectuelle et industrielle sont susceptibles d’être soumis à l’arbitrage (marques, brevets, noms de domaine et droits d’auteur). Le TAPA devrait promouvoir sa compétence en la matière, car il permettrait aux parties de choisir des arbitres ayant des connaissances spécifiques en propriété intellectuelle et industrielle, garantissant que les décisions soient prises avec une compréhension approfondie des questions techniques et juridiques impliquées. Les arbitres spécialisés pourraient ainsi traiter des affaires complexes avec une meilleure compréhension des aspects techniques et réglementaires liés à la propriété intellectuelle et industrielle.

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