Observatoire de la Marque Andorre (XLII) : Un nouveau scénario pour l’accès au logement (continuation)

“Imaginons que chaque paroisse crée sa Zone Résidentielle Stratégique (ZRS) où il y a des logements (unités de vie) entourés, autant que possible, de nature et d’infrastructures complémentaires minimales qui dignifient et apportent une valeur ajoutée.”

Comme nous l’avons déjà vu dans l’article précédent, l’actualité du pays se concentre en grande partie sur la procédure parlementaire du projet de loi Omnibus et sur les opinions, essentiellement négatives, des différents groupes liés au monde immobilier et récemment aussi au secteur économique. La CEA a récemment publié un communiqué où elle propose une réforme substantielle du texte de loi en débat et, entre autres propositions, se concentre sur le rejet total de la cession de droits d’usage des logements vacants, demande un traitement différé des restrictions en matière d’hébergement touristique et propose de supprimer les restrictions à l’investissement extérieur dans les paroisses qui ont déjà réalisé des études de charge et fixé des quotas annuels d’autorisation de mètres carrés constructibles. Il est vrai que cela semble être une position très réfléchie et qu’une partie de la population pourrait probablement la soutenir. En effet, la question des logements vacants et des mesures pour les taxer plus fortement a donné des résultats presque nuls jusqu’à présent, ce qui amène à penser que d’autres mesures pourraient stimuler l’entrée de ces logements sur le marché. Nous les avons déjà expliquées, mais il suffit de s’inspirer de ce qui a été fait récemment en Argentine.

Cependant, dans l’article précédent, nous tentions de dessiner un nouveau scénario pour l’accès au logement et nous nous sommes arrêtés en chemin. Le point de départ a été de valoriser l’Institut National du Logement et ainsi, nous lui demandions de réaliser une étude qui nous permette de connaître le besoin réel de logement dans le pays et, en particulier, combien de contrats prorogés arrivaient à échéance en 2027 et de quelle typologie de logements (emplacement et superficie) il s’agissait. Nous demandions également que cette étude identifie le besoin supplémentaire de logement pour les jeunes souhaitant s’émanciper ou pour les personnes qui partent à la retraite et qui n’auront pas accès à un logement correspondant à leur pension. Enfin, cette étude devrait identifier les besoins réels par paroisses et la projection que les différents Comunes ont faite de ces besoins, et, bien sûr, avec toutes ces données, il faudrait analyser l’impact que les mesures Omnibus et complémentaires pourraient avoir sur la société et l’économie du pays.

Avec l’étude en main, l’Institut de référence aurait relativement peu de difficulté à savoir si de Sant Julià au Pas de la Casa, il est nécessaire de construire 1000, 2000 ou 3000 nouveaux logements et combien de ces derniers dans chaque paroisse et de quelle typologie.

Après cette étude, nous passerions à l’action sous forme de stratégie : en essence, nous pouvons nous concentrer sur deux modèles types : logement de 50-60 m² avec 1 ou 2 chambres et logement de 80-90 m² avec 2 ou 3 chambres.

Imaginons que chaque paroisse crée sa Zone Résidentielle Stratégique (ZRS) où se trouvent des logements (unités de vie) entourés, autant que possible, de nature et d’infrastructures complémentaires minimales qui dignifient et apportent une valeur ajoutée (jardin, salle de sport, zones polyvalentes ou commerces de proximité et autres services), et qui se développent grâce à la collaboration public-privé, avec un terrain à coût zéro et les techniques de construction les plus modernes, rapides, efficaces, durables et à un coût bien inférieur à la norme. Aujourd’hui, il se construit déjà dans le pays avec cette nouvelle technologie, et il existe plusieurs exemples parfaitement applicables au cas qui nous occupe. Ainsi, bien que cela puisse sembler impossible, avec ce modèle, nous pouvons atteindre l’objectif final : un loyer de 600 et 800 euros respectivement pour les typologies mentionnées.

Enfin, il ne serait pas superflu, comme je l’ai déjà souligné plusieurs fois, de tirer parti de l’expérience de nos voisins et d’importer le modèle coopératif : terrain à coût zéro, coût de construction financé par une banque du pays en accord avec le Gouvernement et restitution du coût financier par les loyers que chacun paierait, que ce soit à 600 € ou à 800 €, selon la taille du logement, avec un contrat de 50 ans en faveur des coopérateurs, revenus qui, une fois le coût de la construction couvert (25 ans par exemple), durant les années restantes, reviendraient au Gouvernement ou au Comú propriétaire du terrain, qui utiliseraient également ces revenus pour continuer à relever de nouveaux défis dans le domaine du logement et d’autres usages sociaux.

Et comme je l’ai déjà mentionné dans certains médias, si cela n’a pas été activé jusqu’à présent, c’est à cause de l’idiosyncrasie complexe d’un pays encore trop conservateur et, malgré sa petite taille, totalement fragmenté par la discorde entre le Gouvernement et les différents Communs.

D’autre part, nous observons un phénomène curieux qui surprend et ajoute de la confusion au débat actuel sur le logement. Nous avons appris ces jours-ci que sur les 354 demandes pour obtenir un logement public, 55 % ont été rejetées pour ne pas respecter les conditions exigées par le Gouvernement, soit parce que le demandeur avait des revenus supérieurs à 30 % du prix du loyer, soit parce qu’il n’atteignait pas le salaire minimum et ne pouvait donc pas faire face à un loyer abordable, auquel cas, l’aide devait venir par une autre voie. En réalité, seules 52 demandes sont conformes, et 73 sont en cours d’étude. Que signifie cela ? Au-delà d’autres considérations que je laisse à l’imagination de chacun, il est clair que beaucoup moins de personne que prévue se portent candidates pour avoir accès à un logement à prix abordable. Pour le confirmer, nous voyons que pour les logements vacants du Pas de la Casa, il n’y a pour le moment eu que 2 candidats. La conclusion est que, pour l’instant, personne ne souhaite vivre loin de chez soi. Nous sommes donc ainsi bien habitués.

Cependant, toute conclusion à ce stade serait prématurée, car pour commencer, la citoyenneté est désorientée, car d’un côté, elle n’entend que des personnes et des organisations critiquant tout et n’importe quoi, que ce soit le Gouvernement, malgré la mise sur le marché de logements à prix abordable, ou l’Omnibus, qui est considéré comme ne proposant pas de mesures suffisamment concrètes pour offrir des logements à prix abordable. Probablement, le confort des prorogations jusqu’en 2027 crée un faux sentiment de manque de nécessité, cela arrive souvent quand le quotidien vous consume et que vous n’avez pas le temps de réfléchir. Mais la réalité de 2027 sera différente et très évidente, et il est impératif de prendre des mesures urgentes visant à, d’abord étudier, ensuite planifier et enfin construire et attribuer des logements aux milliers de citoyens qui, dans peu de temps, réaliseront que la réalité est plus dure que ce qu’ils ont eu le temps d’analyser!

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